Petite Odyssée pour la science

Un homme très rationnel, très versé dans les sciences déclara un jour en parlant de mythologie : “Je suis hermétique à Aphrodite”.

Certains parmi les adeptes de la mythologie comprirent : “Je suis hermaphrodite”; d’autres entendirent par là qu’il était homosexuel. Et lorsque ces rêveurs dirent avec un soupçon de reproche : “ - Ainsi, vous ne pratiquez pas les mythes” et ajoutèrent que dans les mythes se trouvait pourtant “un atome de vérité”, il vit venir l’instant de la fission. Pour lui, un physicien légendaire, c’est quelqu’un qui a fait avancer la science. Pour les mythophiles, un scientifique légendaire, c’est un homme sur le compte duquel beaucoup de légendes circulent.

Et du moment que c’est dans l’air, n’est-ce-pas : il n’y a pas de fumée sans feu. Ce raisonnement ferait hausser les épaules au scientifique : tout de même, on n’est plus à l’âge de pierre, dirait-il sans doute. Là, quelques esprits pourraient voir jaillir une étincelle de doute. Certains autres, mais peut-être n’ont-ils pas inventé la poudre, diront que la vieille opposition sciences-mythes n’est en rien un sujet explosif. Mais quelques uns, pas si irréductibles que cela, oh certes ils n’étaient pas beaucoup mais ils formaient bien un petit noyau, quelques uns, donc, pensaient que la confrontation des sciences et mythes était fructueuse. A les voir échanger si énergiquement leurs arguments, à les voir s’en bombarder, l’ambiance n’était pas neutre, on peut bien le dire. On pouvait même la palper, cette ambiance : c’était physique, homérique, épique !Mais mieux vaut ne pas pousser la confrontation entre sciences et mythes trop loin, parce que…Prenez une personne qui est très attirée par l’anatomie, par le physique de tous les prototypes masculins qui croisent son chemin. Cela donne une nymphomane. Les nymphes, c'est mythique, non ? En comparaison, dire : "cette nana est canon” est beaucoup plus inoffensif. Bien sûr, ça fait référence à une légendaire petite alchimie, mais tout ça ne fait pas long feu. Et au pire, si le projet tombe à l’eau, on dira qu’il fait long feu. Tout et son contraire, en somme. Et la rigueur scientifique, là-dedans ? A croire que la langue se trouve parfois dans la lune. Elle est distraite. C’est alors que l’artiste en profite, saisit l’occasion pour essayer de se grandir, de devenir, lui aussi, un petit dieu de l’Olympia. Remarquez, on parle lune et distraction, maisje connais de grands savants qui, eux aussi… A croire que la science se trouve parfois dans la lune. On a marché sur la science ! C’est une démarche scientifique, ça ?! Vous voyez bien : encore une fois, tout et son contraire. Comme quoi, pour ce couple science-mythe, qu’on retombe sur ses pieds ou sur ses mains, en équilibre, c’est du pareil au même. Du côté de la science comme de celui du mythe, il faut faire des pieds et des mains pour joindre les deux bouts. Il faut tirer le diable par la queue ! Au fait, le diable, c’est mythique ou scientifique, cette bête-là ? Pour répondre, une seule chose à faire : revenir au début de cette histoire, passer par toutes ses étapes. Pour cela, je vous laisse : chacun est rigoureusement libre de ses propres démons, c’est-à-dire qu’il leur est enchaîné. Là encore, tout et son contraire. Vous dites ? C’est symbolique ? C’est plutôt diabolique ! Oui, c’est un cercle vicieux dans lequel, pour peu qu’on néglige de faire l’effort de se donner du mouvement, de l’oxygène (en retombant sur ses mains ou sur ses pieds, par exemple), on risque de vivre dans un air vicié ! Dans un univers hermétiquement clos. Ce faisant, on s’expose à de compromettants malentendus : rappelez-vous le “Je suis hermétique à Aphrodite” du début…

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