Petit conte des mille et un dinosaures

Le conte des mille et un dinosaures est un conte politique. Une politique des hommes contre les mille et un dinosaures, dans des pays où l’avenir du politique, c’est l’homme, et où son passé le plus honteux, c’est la femme. “L’avenir du politique, c’est l’homme” ? Phrase hasardeuse, car on pourrait tout aussi bien la renverser, la formuler en tous sens. Cette phrase, c’est l’histoire de la poule et de l’oeuf. Qui existait avant l’autre ? N’oubliez pas que c’est un conte : le politique, donc, y est légendaire, mythique. Mythique comme une idéologie. Dans ce conte, comme dans beaucoup, il y a du politique, de l’idéologie, mais pas de tragique, non. Le tragique, c’est le masque porté par les politiques pour dissimuler leur visage d’idéologie. Vous voulez un exemple d’idéologie ? Eh bien, prenons celui des cent coups de bâton. J’explique : un homme qui voit une femme comme on verrait, par exemple, un dinosaure, se transforme aussitôt en coup de bâton. Et dans ces pays, il y a bien plusieurs centaines d’hommes politiques qui ressemblent comme des frères à cet homme-là.

Cette petite histoire des masques tragiques, c’est d’ailleurs un cercle vicieux.

Une femme poursuivie par un homme qui la prend pour un dinosaure voit, au fur-et-à-mesure de la course-poursuite, se dessiner sur son visage le masque du tragique - cela lui tombe sur le visage comme un voile. On dit que le politique tisse des destinées ; il pose des masques. A coups de bâton. Plus le politique s’acharne à exterminer ce passé primaire et redoutable de l’homme (un dinosaure !), plus sa bestialité à lui devient flagrante. Qui veut faire l’ange exterminateur fait la bête. Si bien que dans ces pays, de batailles en guerres, bien des hommes se transformèrent en coups de bâton. Mais au fait, quelle drôle d’idée ! On aurait dû commencer par là : qui a dit que les femmes étaient des dinosaures ?! La réponse est : les coups de bâton. Vous riez ? C’est pourtant simple : représentez-vous ces hommes traitant les femmes en dinosaures. A qui vont les cent coups de bâton ? - Maintenant, imaginez que des hommes de ces pays violent, tuent des femmes, des jeunes filles. A qui iront les cent coup de bâton ? - Si cent coups de bâton tuent un dinosaure, c’est politiquement normal. Mais si un dinosaure tue un homme-coup-de-bâton pour redevenir une femme ou une jeune fille, c’est politiquement scandaleux. Alors, le masque du tragique se durcit sur le visage du politique parti chercher son bâton. Cherchez l’homme ! Un conte, ce n’est pas la réalité, bien sûr. Et s’il vous pose à vous, homme ou femme, le masque du tragique à coups de mots, le temps de la lecture, il faut ensuite enlever ce masque-voile du conte pour retourner à la réalité. Sinon on devient fou. A coups de bâton.

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